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Privation de langue chez les Sourds

Privation de langue chez les Sourds Explications en français à l'intention des entendants.es non locuteurs.trices de LSF: Salut. hier, j'ai publié cette phrase "De tous les handicaps, la privation de langue est le handicap le plus profond, le plus débilitant, le plus mortifère. Elle touche les fondements du psychisme." Depuis longtemps, je suis intimement convaincu que la privation de langue est pour les Sourds source de grande souffrance, génère une vie très limitée en terme de potentiel humain, une vie opprimée avec une série continuelle d'épreuves et d'obstacles. Si l'on pouvait comparer entre elles, les expériences de vie des personnes souffrant de handicaps divers, comme entre autres exemples, le handicap physique de celle qui suite à un accident a perdu l'usage de ses jambes, ou le handicap psychique de celle qui a subi une crise existentielle, ou encore les séquelles traumatiques d'une femme victime d'une agression sexuelle, ..., il y a aussi l'infirmité moteur contractée à la naissance, ..., je dirai que la privation de langue telle qu'expérimente un grand nombre de Sourds pendant leur enfance représente un traumatisme paroxystique car hautement destructeur. Je ne parle pas des handicaps générés par la société, résultant d'une méconnaissance des besoins des personnes affectés de ces handicaps. Je parle du handicap en tant qu'expérience intrinsèque de vie. La langue est la base par laquelle la vie psychique de l'individu peut se développer, comme la vie sociale qui implique de continuels échanges avec de multiples interlocuteurs de près ou de loin. Le cerveau par lequel les idées, les pensées jaillissent grâce à la dynamique du langage. Ce langage qui est alimenté par le contact vivifiant avec la langue, la langue vivante de l'interaction et de l'intériorité. C'est le coeur du psychisme qui telle une courroie entraîne la cognition, les émotions comme le développement corporel. Tout ce mécanisme qui délivre son potentiel grâce à une langue pleine, vivante et structurée. A contrario, si une langue est absente, ou même mal structurée, comme c'est la situation de nombreux Sourds, tout ce mécanisme est mis à mal, est profondément déréglé ce qui cause des dommages gravissimes. J'en parle en connaissance de cause pour avoir travaillé auprès d'enfants Sourds dans un milieu éducatif et auprès d'adultes Sourds dans le cadre de différentes formations, j'en ai vu des dégâts monstrueux, effrayants! Tout ça à cause d'une expérience de vie marquée par l'absence de langue, de la LSF bien évidemment puisque c'est la seule langue parfaitement adaptée et accessible aux Sourds (ce, indépendamment de leur degré d'audition). C'est ce qui m'amène à affirmer le postulat que la privation de langue représente un handicap paroxystique, extrême. D'ailleurs, actuellement, je lis un livre américain traitant de ce thème, écrit par des professionnels de la santé mentale travaillant auprès de Sourds présentant les séquelles de la privation de langue. Ils sont arrivés à la même conclusion dramatique que moi. Nous, Sourds et sympathisants entendants, nous devrions nous unir pour combattre ce fléau meurtrier qui avec la politique de l'implantation cochléaire et de l'assimilation scolaire en milieu stérile, linguistiquement parlant, prend une ampleur jamais égalée!!!