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Aujourd’hui, je vous partage un enregistrement réalisé en 1983 par Ruben, guitariste de blues rock et musicien de studio. Cet enregistrement, ainsi que trois photographies, m’ont été confiés par son petit-fils. Je le remercie chaleureusement pour sa confiance et pour ce geste de transmission. Né au milieu des années 1930, Ruben apprend la guitare “à l’oreille” : il ne lit pas la musique, il la devine, la poursuit, la corrige jusqu’à ce qu’elle respire. Il a ce don rare des instrumentistes de studio : se fondre dans une chanson sans s’effacer, signer une présence sans voler la scène. Au début des années 1960, il devient l’un de ces musiciens sur lesquels on compte quand il faut sauver une prise, retendre une énergie, recoller une chanson au bon endroit. Ses pairs parlent d’un jeu “sale et précis” : un toucher de bluesman, une rigueur de métronome, et surtout cette capacité à trouver la note qui fait basculer un refrain. Ruben n’est pas une star, il est une solution. On l’appelle quand il faut “du grain” et un riff qui tient debout. Pendant deux décennies, son nom circule surtout entre producteurs, arrangeurs et ingénieurs du son. Il participe à une multitude d’enregistrements — parfois crédité, souvent non. Sa guitare traverse des ballades, des titres rock, des sessions soul, des faces B devenues cultes : un bend à peine audible, un slide discret, une réponse au chant comme un murmure. Ruben travaille beaucoup, dort peu, vit de nuit : la vie de studio avec ses cafés brûlés, ses néons, et ses silences avant la prise. Pourtant, derrière cette efficacité, il y a un secret : Ruben garde pour lui une musique plus intime. Il note des idées sur des bouts de papier, des progressions d’accords griffonnées, quelques phrases, des titres sans chanson. Il ne parle pas de cela. Il a l’habitude d’être “au service de”. En 1983, Ruben a 47 ans. Il est appelé pour une session qui ressemble à tant d’autres : un artiste en tête d’affiche, des musiciens au service du titre, des prises qui s’enchaînent sous la lumière froide du studio. Mais ce jour-là, à l’abri d’un créneau arraché entre deux réglages, il obtient quelques minutes — avec la complicité de l’ingénieur du son, qui accepte de “laisser tourner” et de ne rien inscrire au planning. Ruben n’est pas seul. Des amis musiciens, venus exprès, le rejoignent discrètement dans la cabine. Ils ne sont pas là pour une commande : ils sont là pour lui. Ensemble, ils ont répété au préalable une chanson que Ruben porte depuis un moment, « Oser », et qu’il veut enfin fixer sur bande. Pour les autres, cela pourrait passer pour un simple essai, une parenthèse, une idée d’arrangement. Pour Ruben, c’est tout autre chose : c’est sa prise à lui, sa chanson, enregistrée en secret, comme un geste de liberté longtemps remis à plus tard. Ce n’est pas une démonstration. C’est une confession tenue, presque pudique. On raconte qu’il n’a fait que deux prises. Puis il a rangé son instrument, comme si de rien n’était. Ce qui frappe pour ceux qui l'ont entendue c’est l’écart entre l’homme de studio et l’homme de cette chanson : la même précision, mais une fragilité nouvelle, comme s’il avait enfin joué sans consigne, sans commande, sans “client”. Une musique où l’on entend un être sensible qui se dévoile. Peu après, un label lui propose un contrat pour deux albums. Enfin un projet à son nom, une reconnaissance tardive, mais réelle. Ceux qui l’entourent disent qu’il avait changé : moins ironique, plus calme, presque heureux. Il parlait de sonner « vrai », de faire un disque dans la lignée de ceux de Bill Deraime, qu’il admirait beaucoup. Cette chanson et son premier album ne sortiront jamais. Ruben meurt dans un accident de moto, brutal, absurde, comme un montage coupé en plein crescendo. Il laisse derrière lui des dizaines d’enregistrements disséminés, des morceaux dont la guitare porte sa signature sans crédit, et surtout cette chanson personnelle enregistrée en 1983. Un morceau "fantôme", la trace la plus directe de ce qu’il aurait pu devenir s’il avait eu, plus tôt, le droit d’être au centre. #blues #bluesrock #frenchsongs