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Intervention d’ouverture Qui a peur de la déconstruction ? Le 19 janvier 2023, à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm se tenait un colloque : « qui a peur de la déconstruction ? », en réponse au colloque tenu un an plus tôt, les 7 et 8 janvier 2022, dans les murs de la Sorbonne, sous le haut patronage de l’ancien ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, sous le titre : « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture ». Ce colloque visait à disqualifier nombre de recherches universitaires telles que les recherches sur le genre et les recherches post-coloniales. En amalgamant déconstruction et destruction, ce colloque passait complètement à côté de l’entreprise derridienne, en effet la déconstruction n’est pas définissable, car elle ne se laisse pas figer, toute définition l’enfermerait dans un cadre qui la nierait et qui l’exposerait par-là à reconduire les partages métaphysiques, dont il s’agissait précisément de questionner le fondement. La déconstruction est ainsi une entreprise critique, elle trouve son germe le plus fécond dans le geste kantien et en particulier avec la première critique, comme le souligne Monique David-Ménard dans son intervention du 20 janvier. La force critique à l’œuvre dans la déconstruction inspire une peur réactionnaire, qui replie sur la stabilité, le fondement, la certitude, qui abolit la mise en doute radicale. Celle-ci à l’inverse déstabilise, invalide les schèmes de pensées jusqu’alors acceptés. En cela, elle est un nerf de la pensée. La déconstruction remet en cause les lignes figées et les partages étanches, c’est en quoi elle inspire la peur. Si donc la déconstruction vise ainsi à mener à son terme l’entreprise critique, notamment en questionnant les partages métaphysiques issus de la tradition, il convient néanmoins de rappeler l’amour et l’attachement de Derrida pour la tradition, c’est ce qui a d’ailleurs été souligné tout au long de ce colloque, alliant philosophes, psychanalystes et proches de Derrida. Ces derniers n’ont cessé de rappeler ce double mouvement à l’œuvre dans les écrits de Derrida, rappelant par-là l’analyse de Derrida sur l’héritage, qui ne consiste jamais à reprendre à l’identique, ni même à rompre complètement avec lui. La reprise implique la déprise et l’éloignement induit de ne pas tout rompre. Nous sommes alors par cette lecture aux antipodes de la simplification produite par le ministre et ses alliés. Ces interventions attentives aux nuances et à la finesse de l’entreprise derridéenne nous permettent ainsi de prendre de la hauteur, au sein d’un débat qui se passe souvent de l’esprit de nuance et prospère sur nombre de contre-sens et de préjugés. Ces interventions invitent à l’inverse à lire Derrida avec justesse. Opium philosophie vous propose dans une série de vidéos, de suivre les chemins de la déconstruction, loin des caricatures qui la déforment et font entrave à une juste lecture des textes de Derrida. Elles permettent également de se réinscrire au fil de ces lectures sur la scène contemporaine de la recherche, mise à mal par une entreprise réactionnaire de disqualification intellectuelle, qui confine à la caricature, en attisant les fantômes de l’extrême droite. Nous vous proposons par ces diffusions de vous inscrire au cœur d’un débat d’actualité, qui hante la scène politique et intellectuelle de notre temps. Ces interventions peuvent ainsi servir de fil d’Ariane dans la compréhension des textes de Derrida et des courants qui le suivent et qui se voient attaqués aujourd’hui dans l’université française, par un courant réactionnaire, qui craint la déconstruction, sa force critique, sa capacité à bouger les lignes tracées à la craie dogmatique. Dans cette première intervention d’ouverture, se tenant dans la salle Dussane (salle où enseignait Derrida, comme Lacan) Marc Crépon, Isabelle Alfandary, Anne-Emmanuelle Berger et Jacob Rogozinski ouvrent le colloque : « qui a peur de la déconstruction ? » en sortant du ton polémique et de la dégradation conceptuelle. Ils soulèvent la question qui hante le débat public, autant que la scène universitaire : qui a peur de la déconstruction ? Qui a peur des spectres de Derrida ? L’appel de Jean-Michel Blanquer à déconstruire la déconstruction suit ainsi la logique de la conjuration analysée par Derrida en 1993, dans Spectres de Marx, comme le souligne Anne-Emmanuelle Berger dans son intervention et qui « consiste à convoquer ce que l’on veut révoquer », « à se laisser hanter par ce que l’on dit ou veut voir défunt ». Les spectres de Derrida sont ainsi conjurés au nom d’une reconstruction et contre la « destruction », or la déconstruction démontre que l’héritage, ce n’est jamais rompre avec ce dont on s’écarte. Lucie Boulay Directrice artistique Opium TV et intervenante pour Opium Philosophie #derrida #deconstruction #philosophy #genre #decolonisation #pensée #psychanalyse