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Le Christus (1862-1866) de Franz Liszt évoque la vie du Christ de la naissance jusqu'à la résurrection dans une succession de quatorze épisodes. L'œuvre contient deux Stabat mater, situés de manière symétrique dans le cycle (nos 3 et 12) : un Stabat mater speciosa (3) et un Stabat mater dolorosa (12). Le Stabat mater dolorosa est une séquence liturgique médiévale, qui témoigne de l'essor du culte marial aux XII et XIIIème siècles. Elle doit ce nom au premier vers de la séquence latine, qui décrit la souffrance de la Vierge Marie au moment de la crucifixion de son fils Jésus Christ : Stabat mater dolorosa (La mère se tenait debout, en proie à la douleur). Une deuxième séquence est apparue au cours du XIIIème siècle, le Stabat mater speciosa, bien moins connue, qui décrit quant à elle les joies de la Vierge auprès de son enfant dans l'étable de Bethléem. Occulté à la Renaissance au profit de l'autre séquence, le Stabat mater speciosa fut redécouvert dans le courant du XIXème siècle, ce dont témoigne son insertion dans le cycle christique de Franz Liszt. La composition du Christus s'étale de 1862 à 1866. Publiée en 1872, l'œuvre est créée l'année suivante à Weimar, le 29 mai 1873. Elle témoigne de l'important regain de spiritualité à la suite de la mort de Daniel en 1859, le troisième enfant de Liszt, alors âgé d'une vingtaine d'années ainsi qu'à la suite du refus émis par le Pape en 1861 concernant le remariage de Caroline von Sayn-Wittenstein avec Franz Liszt. C'est à cette date que commence ce que l'on a coutume de distinguer comme la troisième période importante du compositeur (1861-1886). En 1865, Liszt recevra les quatre ordres mineurs (mais ne sera jamais prêtre). Le Christus, long de trois heures, a un peu l'allure d'une somme musicale. On sent en effet chez Liszt la volonté d'embrasser le devenir du langage musical occidental, sur un millénaire entier : IXème-XIXème siècle. Peinture de la vie du Christ, le Christus est aussi une peinture de la vie des langages musicaux.